Humour
Les pupitres : (Extrait de Chorale 1857)




Dans tout chœur, il y a quatre registre vocaux : soprano, alto,
ténor et basse. Eux-mêmes sont parfois divisés en deux, ce qui conduit à
des plaisanteries continuelles au sujet des premières et des deuxièmes
basses. Chaque registre chante dans une tessiture différente, et chacun a
sa propre personnalité. On peut se demander pourquoi le fait de chanter
des notes différentes peut modifier le comportement. Il est vrai que
cette question mystérieuse n'a pas encore fait l'objet d'études
appropriées. Il reste que les quatre registres peuvent facilement être
reconnus .... et voici comment :
Les Soprani

Les soprani sont celles qui chantent le plus haut, ce qui leur fait croire
qu'elles dominent le monde. Elles se considèrent bafouées si on ne leur
permet pas de monter au moins au fa "d'en haut" dans n'importe quel
mouvement de n'importe quelle œuvre. Lorsqu'elles y arrivent, elles
tiennent les notes au moins une fois et demie la durée requise par le
compositeur et/ou le chef de chœur, puis elles se plaignent que ça tue
leur voix et que le compositeur et le chef sont des sadiques. Bien
qu'elles considèrent tous les autres registres comme inférieurs au leur,
elles ont des attitudes variées à l'égard de chacun d'eux. Les alti sont aux soprani ce que les seconds violons sont aux premiers violons :
c'est agréable harmonieusement, mais pas vraiment nécessaire.Toute
soprano pense intimement que l'on pourrait supprimer les alti sans
changer l'essence même de l’œuvre, et elles ne comprennent pas pourquoi
il y a des gens pour chanter dans cette tessiture, c'est si ennuyeux.
En ce qui concerne les ténors, on aime bien en avoir autour de soi; En
plus des possibilités de flirt, car il est bien connu que les soprani ne flirtent jamais avec les basses, les soprani aiment chanter les duos
avec les ténors parce que, du haut de leur stratosphère, elles aiment
les voir travailler durement pour arriver dans une tessiture qu'elles
considèrent basse à moyenne. Quant aux basses, ils chantent beaucoup
trop fort, et toujours faux (comment peut-on chanter juste dans une
tessiture si basse ?) et de toute façon, il doit y avoir un problème
avec ces gens qui chantent en clé de fa. Pourtant, bien qu'elles se
pâment à l'écoute des ténors, elles finissent quand même par rentrer à
la maison avec les basses.
Les Alti

Elles sont le sel du monde, du moins le croient-elles. Ce sont des personnes
simples, sérieuses et toujours présentes aux répétitions. La position
des alti est unique dans le chœur : elles ne peuvent jamais se
plaindre d'avoir à chanter trop haut ou trop bas et elles n'ignorent pas
que tous les autres pupitres trouvent la partie d'alto pitoyablement
facile. Mais les alti savent qu'il n'en est rien et que, lorsque les
soprani s'égosillent sur le la, elles doivent chanter des passages
compliqués, pleins de dièses et de bémols, avec des rythmes impossibles
que personne ne remarque parce que les soprani chantent trop fort
(ainsi que les basses comme d'habitude). Les alti se font un malin et
secret plaisir à conspirer pour faire baisser les soprani. Elles ont
une méfiance innée à l'égard des ténors, car ils chantent presque dans
la même tessiture qu'elles, mais ils croient avoir un meilleur son. Les
alti aiment les basses et elles chantent volontiers en duo avec eux. De
toute façon, le chant des basses ne sonne que dans le grondement et
c'est le seul moment où elles ont vraiment une chance de se faire
entendre. Un autre sujet de plainte des alti est qu'elles sont toujours
trop nombreuses. Elles ne peuvent par conséquent jamais chanter
vraiment fort.
Les Ténors

Les Ténors sont des "enfants gâtés". Avec cela, on a tout dit. Pour une
seule raison : il n'y en a jamais assez et les chefs de chœurs
vendraient leur âme plutôt que de laisser partir un ténor .... aussi
mauvais soit-il ! Et puis, pour quelque obscure raison, les quelques
ténors que l'on a sont toujours réellement bons - ça va de soi et c'est
l'une des causes d'ennui dans la vie. Du coup, il n'est pas étonnant que
les ténors aient toujours une grosse tête - après tout, sans eux, qui
pourrait causer la pâmoison des soprani ? La seule chose qui puisse
déstabiliser les ténors est l'accusation (venant en principe des basses)
que l'on ne peut pas être un vrai homme et chanter si haut. De leur
manière perverse habituelle, les ténors rejettent toujours ce grief,
tout en se plaignant plus fort encore que le compositeur est un vrai
sadique pour les faire chanter si haut. La relation des ténors avec le
chef est à mi-chemin entre amour et haine, car le chef leur dit toujours
de chanter plus fort ... parce qu'ils sont si peu nombreux. Depuis que
l'on écrit l'histoire, on n'a jamais vu un chef demander aux ténors de
chanter moins fort dans un passage forte. Les ténors se sentent menacés
d'une manière ou d'une autre par les autres pupitres : par les soprani parce qu'elles peuvent atteindre ces notes incroyablement hautes ; par
les alti parce qu'elles n'ont aucun problème pour chanter les notes qui
sont si hautes pour eux et par les basses parce que, bien qu'ils soient
incapables de chanter plus haut qu'un mi, ils chantent suffisamment
fort pour noyer les ténors. Évidemment, les ténors préféreraient mourir
que d'admettre une quelconque de ces remarques. Ajoutons un fait peu
connu : les ténors bougent leurs sourcils plus que quiconque lorsqu'ils
chantent.
Les Basses
Les basses chantent les notes les plus graves. Et ceci explique cela.
Ce sont des gens impassibles, dignes de confiance, plus barbus que les
autres. Les basses se sentent perpétuellement mal aimés, mais ils sont
eux-mêmes convaincus que ce sont eux qui ont la partie la plus
importante (un avis partagé par les musicologues, mais certes pas par
les soprani ou les ténors) .... même s'il s'agit de la partie la plus
ennuyeuse de toutes, où ils chantent toujours la même note (ou à la
quinte) sur une page entière. Ils compensent cet ennui en chantant le
plus fort possible. La plupart des basses sont des joueurs de tuba nés.
Les basses sont le seul pupitre qui puisse se plaindre régulièrement
d'avoir à chanter si bas, et ils font d'horribles grimaces lorsqu'ils
essaient d'atteindre des notes très basses. Les basses sont des gens
charitables, mais leur charité n'est pas grande à l'égard des ténors,
qu'ils considèrent être des poseurs finis. Les basses aiment les alti sauf lorsque c'est en duo et que les altisont la partie belle. Quant
aux soprani, elles sont simplement dans un univers opposé que les
basses jugent incompréhensible. Ils ne peuvent pas imaginer, quand elles
font des fautes, que l'on puisse chanter si haut et si mal. Lorsqu'une
basse se trompe, les trois autres voix le couvrent, il peut alors
poursuivre tranquillement son chemin en sachant que, une fois ou
l'autre, d'une manière ou d'une autre, ils se retrouvera dans la bonne
tonalité.
Le chef de chœur

A tout seigneur, tout honneur : faisons connaissance avec le chef de chœur.
Qui est cet homme ou cette femme (dans notre chère chorale 1857) qui nous mène à la baguette et comment fonctionne-t-il ?
Dans pas mal de cas, le chef de chœur est un musicien compétent,
doté d'une très grande capacité de persévérance. Certes, il est parfois
bizarre, mais c'est un artiste ... Qu'il soit devenu chef par vocation,
par une volonté ferme et déterminée de diriger un chœur, par un
concours de circonstances ou par le plus grand des hasards, qu'il soit
chanteur sur le déclin ou jeune prof de musique dans un collège de
banlieue, qu'il soit bénévole ou rémunéré, il est avant tout un être
travailleur, un utopiste ambitieux et, surtout une personne extrêmement
patiente. Il doit savoir supporter beaucoup de choses très agaçantes. Et
il ne peut même pas se permettre d'être rancunier ! Pour accomplir sa
tâche, il doit avoir un moral très solide. Et s'il lui arrive de se
montrer arrogant ... c'est le surmenage. Car, le plus souvent, il sait
être indulgent.
Parmi les nombreuses responsabilités qui lui incombent, nous
citerons en vrac : le recrutement des choristes, le choix du répertoire
(qui devra plaire tout en restant accessible : le chef devra là résister
à l'enthousiasme des inconscients autant qu'à l'inertie des
pessimistes), l'élaboration d'une saison équilibrée (avec des concerts
qu'il faudra par la suite honorer), l'organisation des répétitions, la
planification du travail (car il faut anticiper les délais
d'apprentissage), l'animation du groupe (il doit aussi savoir faire le
boute-en-train). Tout ça, le chef sait que cela fait partie de son job,
mais encore doit-il être psychologue (c'est lui qui doit résoudre les
problèmes relationnels, ménager les susceptibilités, flatter les amours
propres, rassurer les dépressifs, tempérer les sautes d'humeur,
paternaliste aussi (il doit décoincer et encourager les timides), il
doit aussi faire taire les bavards.
Bref, un vrai chef de chœur est
tout cela à la fois : sélectionneur, entraîneur, soigneur, éducateur,
psychologue, psychiatre. Et en plus, il doit être musicien.
Alors qu'on l'aime ou qu'on ne le supporte pas, qu'il soit
respectueux ou insultant, sympa ou mal embouché, qu'il suggère la
musique ou que l'on ne comprenne rien à sa battue, le chef est le chef,
il est là et il a beaucoup de boulot, alors faut pas le faire c.... Il
faut lui obéir : un point c'est tout.
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